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IMG_3308111 kms et 8400 m de dénivelé positif : des chiffres qui donnent le vertige ! A n’en pas douter, Laurence a dû en avoir la première fois qu’elle a pris connaissance du programme de ce trail, dont elle a rapidement fait un objectif, un rêve, un accomplissement. Sportif d’abord, mais aussi personnel, humain. On va tutoyer ses limites physiques et mentales, aller au-delà de la fatigue, les douleurs, la lassitude, voir l’épuisement. Bravo Laurence, tu nous a tous bluffés et forcé notre admiration. Une course, une aventure plutôt, à ne pas mettre entre les mains de n’importe qui !… Une préparation longue et assidue est un pré-requis pour pouvoir ne serait-ce que rêver d’y arriver au bout. Tu l’as fait, et avec la manière, puisque pile dans tes objectifs. Retour sur ce week-end de fous, récit de cette héros des cimes ! 

 

Au mois d’octobre dernier, après avoir fait la Traversée en 2016, l’idée en moi a germé de compléter la boucle et de m’inscrire à la X-Alpine.

J’avais très envie de tenter l’expérience d’un ultra trail. Ce trail se court dans une région magnifique et il n’y a pas de tirage au sort comme à la CCC. De plus celui-ci va m’apporter suffisamment de points pour rêver de l’UTMB pour mes 50 ans.

Voici donc le résumé d’un des plus gros défis sportifs que j’ai réalisé jusqu’à présent (111 km, 8000 m. D+)

 

Vendredi : décrassage le matin pour débloquer avant la course, repas normal et équilibré à midi et suivi les conseils d’Olivier Bourquin : sieste d’une heure et demie.

15h00 départ pour Verbier, prise des dossards vers 17h00 et briefing à 17h45.

Souper vers 19h30, puis tenté une nouvelle sieste de 1h30 jusqu’à 22h30, mais difficile quand l’heure du départ approche.

 

Samedi :

0h15, départ pour la ligne de départ, je retrouve avec joie les copains qui ont fait le stage de préparation au trail avec moi. Ce stage a été très important dans la réussite de ce trail.

1h00, coup d’envoi de la course, 350 concurrent prennent le départ de 1h00, les plus rapides, eux, partiront à 4h00 du matin. Malgré le peu de sommeil, je suis étonnamment bien éveillée, je pète le feu.

La montée au Château se fait à la queue-leu-leu. Un traileur fou nous dépasse avec une clochette en criant « hop hop hop ».

Puis première descente de de 1000m D- jusqu’à Sembrancher dans la nuit et la poussière juste histoire de tout de suite se torpiller les jambes.

Montée du Catogne à la frontale, les sensations sont bonnes. Le jour se lève j’arrive au sommet avec le lever du soleil, j’adore cette montagne, l’émotion est à son comble.

Un sympathique collègue traileur me prend en photo. Puis il faut attaquer cette terrible descente si difficile et casse patte.

Arrivée à Champex (2ème ravito), contente de retrouver le mari-ravitailleur qui s’occupe de moi dans les règles de l’art. Un petit encouragement de Jules-Henri Gabioud qui fait du bien.

Les deux premières barrières horaire m’ont beaucoup stressé, mais j’arrive à Champex avec 2h de marge sur la celle-ci.

 

Je quitte Champex pour débuter la montée à la cabane d’Orny. 1400m D+ avec un endroit terrible avec des « marches » à la hauteur de mes genoux … puis du pierrier. Dans le premier tiers de la montée, je suis dépassée par un tout grand qui n’a rien perdu de sa vigueur : Bruno Brunod. Malheureusement j’ai appris plus tard qu’il a abandonné. En montant à la cabane, on croise les coureurs qui ressortent après avoir checké leur dossard et qui vous disent tous courage …

Arrivé à la cabane, le paysage est à couper le souffle avec le glacier en contrebas. Je prends le temps de me ravitailler et de me rafraîchir avant d’entamer la descente la plus longue (1400 m D-) jusqu’à Saleinaz (pierrier, pentes raides et à la fin via ferrata, le cocktail détonnant).

Arrivé à Saleinaz, il fait très chaud, je profite du ravitaillement liquide pour me réhydrater. Puis 8 km jusqu’à la Fouly où c’est un des rares endroits où il est possible de courir un peu.

IMG_3311J’ai cru halluciner pendant ce petit trajet (il paraît que c’est fréquent en ultra), mais non un petit fan club de l’USY s’est déplacé pour me voir. Mon Dieu comme ça m’a fait du bien. Merci Magali, Michèle et Fabienne, que du bonheur. On papote un peu, elles m’accompagnent sur 1 ou deux km, puis on se dit au revoir.

J’arrive à la Fouly où je retrouve mon mari qui me ravitaille en nourriture et boissons pour la suite. Je me pose quelques minutes, puis autour des 15h00, je commence la montée au col de Fenêtre. Arrivée au col je commence à voir quelques traileurs couchés pour récupérer, d’autres qui paraissent désespérés, assis en se tenant la tête, le décor est planté.

Petite descente jusqu’à l’hospice du Gd St-Bernard. Avant d’y arriver, je vois trois personnes au bord de la route au loin qui encouragent les coureurs devant moi. Plus je me rapproche, plus leurs voix me paraissent familières. Merci les amies, vous êtes revenues à un point stratégique pour moi, vous m’avez donné beaucoup de motivation pour passer le col des Chevaux et la deuxième partie de cette course. C’est donc l’âme en peine que je quitte mes amies.

J’ai pourtant fait ce col à La Traversée l’année dernière, mais avec 400 m D+ il a des marches encore plus hautes que celui d’Orny.

Arrivée en haut, je papote un moment avec le sympathique bénévole, mais quand je vois que le ciel s’assombrit, je ne m’attarde pas pour redescendre sur Bourg-St-Pierre.

La descente est très technique, du pierrier tout le long. Ouf, j’ai fait la partie la plus difficile avant que la deuxième nuit ne s’installe.

Plus on avance, plus je me trouve seule à courir. Les yeux des vaches d’Hérens éclairées par ma frontale ne sont guère rassurants.

Ma frontale se met à clignoter, que se passe-t-il ? J’ai compris que je devais changer la batterie de ma lampe, ce que je fais, éclairée par ma frontale de secours.

J’arrive à Bourg-St-Pierre aux alentours des 23h00. Je change de basket, je prends le ravitaillement pour la suite et j’avoue que j’ai dit : « Je ne suis pas sure de vouloir continuer, je suis épuisée, c’est un truc de fous ».

Après le ravitaillement, et étant plus fatiguée que épuisée, je repars, mais mentalement c’est difficile. Longue montée à la cabane de Mille, cabane que tu as l’impression de ne jamais atteindre, tellement il y a de vires pour y arriver. Quelques coureurs dorment à côté du chemin. Je prends le pari de continuer sans dormir. Je pense constamment à mettre un pied devant l’autre. Des éclairs de chaleur illuminent la montagne. Mais heureusement il ne pleut pas, j’ai beaucoup de chance avec la météo. Arrivée à la cabane, à 4h00 du matin, j’ai une marge de 45’ sur la barrière horaire, ouf. Il fait toujours nuit quand j’attaque la descente.

La nuit me convient bien pour les descentes, j’ai moins d’appréhension.

Le jour commence à se lever, j’aperçois Lourtier en contrebas, le chemin devient plus roulant et paraît si facile. Seulement, j’ai tellement mal aux jambes que je n’arrive pas à courir, je suis contrainte de marcher sur un des rares bouts où il est possible de courir facilement et c’est très frustrant. Une coureuse me dépasse en me demandant si ça va. Je lui ai répondu que je n’arrivais plus à courir, elle n’allait pas beaucoup plus vite que moi.

6h30 dimanche matin je suis tellement content d’arriver à Lourtier et de retrouver Laurent. J’ai tellement mal partout que je décide de prendre un Dafalgan. Au briefing ils nous ont dit qu’il y avait du risotto au ravitaillement, mais malheureusement pas pour ceux qui arrivent dans les derniers. Quand tu manges sans gluten ni lactose, c’est le désespoir aux ravitaillements.

Changement de basket et je repars à l’assaut du mur final de Lourtier. Il tombe quelques gouttes, mais le terrain n’est pas glissant. Heureusement car dans cette montée il y a des bouts où il faut presque se mettre à quatre pattes.

A la Chaux, je fais le dernier check et je retrouve la traileuse qui m’a dépassée avant Lourtier. On discute, on sympathise et on descend ensemble jusqu’à Verbier. ça fait du bien de partager ses expériences de traileur fou.

En arrivant à Verbier, j’ai 2h30 d’avance sur la barrière horaire et je retrouve mon mari et mes enfants qui courent les derniers mètres avec moi. Je croise François d’Haene qui m’encourage. Ca fait chaud au coeur.IMG_5342

 

Merci à ma famille de m’avoir soutenue dans ces mois de préparation, merci à Stéphane pour ses plans d’entraînement et pour sa gentillesse, le fitness Free Moove pour les pilates et la musculation et Olivier Bourquin pour ses précieux conseils en nutrition. Merci également à tous les membres de l’USY qui viennent s’entraîner les mercredis pour leur soutien.

 

 

Je commence à réaliser que boucler ce trail n’était de loin pas gagné, 50% des coureurs ont abandonné (237 arrivés et 250 abandons et hors délais).

Mon temps était de 33h44, mon classement est : catégorie V1F 7ème et dernière, 215ème sur 237 au scratch.

 

 

Laurence

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