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Deux récits qui retracent deux aventures incroyables.

Le rêve, le défi, le dépassement de soi, la fatigue, la douleur, le froid, la nuit, le partage, l’amitié, l’amour..

Sur les crêtes du Jura, nos deux fiers cavaliers se sont battus contre les éléments pour en sortir meilleurs.

Savoir se mettre à l’épreuve, endurer dans la douleur et apprendre à se dépasser pour connaitre une nouvelle partie de soi-même qui nous attend en chemin..

 

Un grand bravo à vous deux pour avoir été à bout de vos périples respectifs.

Vous êtes source d’admiration et d’inspiration.

 

Filippo Pisano

 

Voilà dix jours que j’ai franchi la ligne d’arrivée de cette première édition d l’UTMJ. Petit retour sur ma course.

Revenons tout d’abord sur ma préparation qui a, ce malgré le covid, été parfaite avec un gros stage de préparation à St-Moritz de trois semaines tout ceci spécialement prévu pour ce qui est devenu le seul et unique objectif de la saison.

Avec une préparation finale un peu difficile le deux semaines précédant la course, le temps étais venu le jeudi 1er octobre d’aller chercher le dossard du côté de Métabief et prendre un peu la température de la course. C’est un peu surpris que je vois que je fais partie des favoris avec le dossard numéro deux et tranquillement mais surement la pression commence quand même à monter.

Après une relative bonne nuit de sommeil du jeudi au vendredi, réveil à 5h15 et directement petit-déjeuner avec un bon petit plat de pâtes qui fait toujours plaisir mais le plus important était d’avoir fait le plein d’énergie le jour avant. 6h départ avec ma mère et ma sœur en direction de Lancrans à côté de Bellegarde pour le départ de la course prévu à 8h. Arrivé à 7h15 sur place, je contrôle une dernière fois mes affaires même si sans matériel obligatoire j’ai pris la décision de ne pas prendre grand-chose avec moi vu que j’ai la chance d’avoir du monde qui doit me suivre tout du long du parcours. Petit échauffement de 5 min pour voir si mes jambes sont bien là et je me place sur la ligne avec comme unique objectif de terminer la course du mieux que je peux vu que jamais je n’avais fait plus de 100k par le passé. A côté de moi quelques coureurs très rapides et surtout avec beaucoup plus d’expérience que moi sur des distances pareilles. La température relativement agréable et surtout pas de pluie me fait partir en short et on verra bien ce qui m’attend par la suite.

Départ !! Et on rentre directement on rentre dans le vif du sujet avec une montée sèche en direction du Grand Crêt d’Eau, une région que je ne connais pas du tout mais que je vais sans doute venir découvrir très prochainement car c’est vraiment magnifique. Départ assez rapide sous l’impulsion de Sasha Devillaz qui, avec Arnaud Lejeune, sont les plus rapides sur le papier avec quelques très grosse perf à leur actif. Une fois une première petite sélection faite, on se retrouve un petit groupe à l’avant de la course et le reste de l’ascension se passe à une allure relativement modérée. En arrivant sur le haut, un épais brouillard fait son apparition et quasiment impossible de s’orienter mais finalement on arrive au sommet ou je passe en 2ème position. En route pour la première descente de la journée avec un coureur qui prend les devants et je le suis à bonne distance ce qui me fait arriver au premier ravito ou je retrouve ma mère et ma sœur qui me suivront pendant tout le début de course. Je prends deux gourdes en vitesse et je repars à environ 1min de la tête de course. Cette première grosse descente touche à sa fin et j’attaque directement le 2ème gros morceau de la course avec une montée vraiment très difficile en direction du Crêt de Chalam. J’essaie de ne pas trop m’enflammer et dans la montée je vois quelques concurrents qui me reviennent gentiment dessus mais je me déconcentre pas et continue à monter d’un bon pas pour arriver au sommet toujours en seconde position. J’entame la petite descente  qui me mène au 2ème ravito, petit chemin sympas avec quelques passages techniques vraiment top. Je retrouve à nouveau mes deux ravitailleuses de choc qui sont toujours au taquet. Toujours bien lucide je m’alimente bien parce que les 30km qui suivent vont être très rapides. Je repars, et au file des km, je me sens de mieux en mieux sur un terrain qui me convient à merveille avec pleins de petits coup de cul des relances et avec la forme du jour les km défilent ce qui me permet même de revenir sur la tête de la course au ravitaillement de Lajoux. Toujours autant en jambes, ravito express pour repartir en tête en direction des Rousses.

Pendant ces 20km, j’ai la surprise d’être suivi par la caméra du live stream de la course. J’en profite de taper un peu la causette ce qui fait passer les km comme une lettre à la poste. Les jambes tournent bien et même la pluie qui à commencer à tomber fort n’est qu’un détail pour le moment. Dans un petit coin de ma tête, je commence gentiment à me demander combien de temps ça va encore durer car dans un ultra cela peut changer d’un km à l’autre. Entre-temps, j’arrive déjà à la première base de vie des Rousses. Etant au chaud, je décide de me changer complètement pour repartir au sec sous le regard bienveillant des caméras qui ne loupent pas une miette.

Je repars la fleur au fusil en direction de Morbier. Avec 15km pas faciles, le premier petit coup de mou se fait ressentir dans la montée juste avant le ravito de Morbier ce qui me fait rappeler que la course est encore longue. Je retrouve pour la première fois mon père avec mon pote Julien qui qui me suivront le reste de la course à l’aide de son camping-car. Les paroles se font déjà beaucoup plus rares le plus important étant de s’alimenter correctement parce que les 20 prochains km ne vont pas être une partie de plaisir et la nuit va gentiment faire son apparition en plus de la pluie qui tombe toujours sans interruption. La suite, avec deux petites ascensions se passent étonnamment bien et le rythme est toujours plus que correct. La dernière partie avant Chapelle de bois, se fait de nuit. Il faut du temps que l’œil s’habitue à la lumière de la lampe frontale d’autant plus que j’arrive dans une descente très technique que j’aborde avec la plus grande des prudences. Après 102km de course une petite pause est la bienvenue d’autant plus qu’à partir de ce point je pars dans l’inconnue la plus complète. Entre temps, toute la famille et les potes ont gentiment fait le déplacement pour me suivre un moment qui me remotive pour la suite des évènements qui sera une longue partie de 20km très roulante ou il faut pouvoir allonger la foulée et ça tombe bien les jambes répondent toujours présentes. Malgré une pluie qui devient de plus en plus forte, j’arrive toujours à faire abstraction des conditions météo. Petit moment marquant, les organisateurs n’ont rien trouvé de mieux que de nous faire descendre le long du tremplin de saut à ski de Chaux-Neuve avec des escaliers à n’en plus finir. Encore un petit effort et j’arrive à Mouthe avec toujours une confortable avance de 10 min sur le 2ème. En plus de la pluie qui redouble d’intensité, il y a le froid annoncé qui est en train de faire son apparition et je prends le temps de me changer à nouveau complètement, mettre du long pour ne surtout pas chopper froid même si cela me coûte un peu de temps.

Je repars de Mouthe avec déjà 120km dans les jambes mais d’un km à l’autre je commence à payer mes efforts et le fameux premier gros coup de mou tant attendu pointait le bout de son nez. Le mental prend le dessus, je me motive surtout qu’il me reste encore trois grosse montée à faire avec pour commencer celle du Mont d’Or. Cela fait déjà quelques heures que la nuit est tombée et cette montée est tout simplement interminable avec de longues potions de faux plat ou il faut je j’essaie de marcher le moins possible. Après bien 1h30 de montée, arrive le passage sur la crête du Mont d’Or ou je me rends pour la première fois vraiment compte des conditions climatiques. Le brouillard, des rafales de vent qui te font presque sortir du chemin et toujours cette pluie qui gentiment me transperce de partout. Mais il ne faut pas trop s’attarder Jougne n’est plus très loin et je m’élance dans la descente sur les piste de ski de la « Picmiette ». Une descente très raide sur le haut et sur la fin un chemin forestier extrêmement gras. Je garde un bon rythme pour ne pas perdre ma concentration jusqu’à ce que …, ma lampe frontale ne s’éteigne. Normalement elle clignote une fois pour avertir que la batterie arrive vite et d’avoir le temps de la changer mais là rien. Grand moment de solitude. Je prends alors gentiment la batterie de réserve dans mon sac je la change et la lumière fut. Quelques mètres plus loin, j’arrive à la fin de la descente. Il me reste alors qu’une petite montée en direction de Jougne mais là, après 300m de montée ma lampe s’éteint à nouveau et surtout pas de lampe de rechange avec moi. J’avais pris le pari de partir seulement avec une lampe vu qu’il n’y avait pas de matériel obligatoire mais ce sera la première et la dernière fois que je prendrais ce risque. J’appelle mon père qui se met en route pour m’amener ma 2ème lampe. Apres des longues minutes d’attente dans le froid, le vent et surtout la pluie, j’ai enfin une lampe qui fonctionne et je rejoins mes ravitailleurs de choc pour me réchauffer et m’alimenter car la dernière partie promet d’être épique.

A peine reparti je me retrouve dans le vif du sujet et avec grange neuve en ligne de mire. Montée très difficile, technique et rendue extrêmement glissant par la pluie. Le rythme est toujours très bon mais ne connaissant pas du tout le chemin j’essaie de gérer au mieux l’effort. Quand après plus d’une heure de montée j’aperçois une autre lampe frontale devant moi, je me demande bien qui peut avoir envie de sortir à 3h du matin par un temps pareil … Jimmy bien-sûr !!!! Mentalement c’est la meilleure des choses qui pouvait m’arriver à ce moment-là de la course d’autant plus qu’il m’annonce vouloir m’accompagner jusqu’aux aiguilles de Baulmes, juste la grande classe.

Je passe le ravito de Grange-Neuve, me ravitaille et en route pour notre Suchet. En arrivant en haut on se demandait bien ce qu’on foutait le haut, à 4h du matin, et surtout par un temps pareil. Go pour la descente des crêtes du Suchet que je connais par cœur. Je vais pouvoir laisser aller les jambes sans me soucier du terrain et on se retrouve très rapidement à Baulmes ou je prends à nouveau le temps de changer le haut pour remettre du sec et surtout une couche supplémentaire car il commence vraiment à faire très froid.

J’avais vraiment beaucoup d’appréhension pour cette dernière ascension. D’une part parce que elle très difficile et d’autre part je sais que si je bascule au sommet en tête le plus dur sera derrière moi. Le début de la montée s’est fait sur un chemin pédestre devenu pour l’occasion le lit d’une nouvelle rivière. Les pieds congelés chaque pas devenait de plus en plus dur et sur le haut, dans la partie très raide, je me suis fait violence comme rarement jusqu’à présent en me forçant à ne jamais m’arrêter. Ne pouvant quasiment plus courir en montée avec l’apparition d’une douleur à l’aine, je continuais à marcher d’un très bon pas. Quelque mètre après le passage du Mont de Baulmes, je fais la réflexion à Jimmy qu’il commençait à neiger et plus on avançait sur cette crête plus il y avait de neige. Une fois arrivé au sommet des aiguilles, dans 10cm de neige, il ne fallait surtout pas trainer car le froid avec le vent et la neige et des habits trempés ne faisaient vraiment pas bon ménage. Encore aujourd’hui, 10 jours après la course, je n’ai toujours pas retrouvé toutes mes sensations au bout de mes pouces. Une fois de plus, descente rondement menée en direction du col de l’Aiguillon et le moment était déjà venu de dire au revoir à Jimmy qui aura été royal de m’accompagner pendant presque 30km. Longue portion de faux plat descendant qui me fait arriver au dernier ravito officiel. Je ne parle plus beaucoup mais quelques regards avec mes proches suffisent pour me remettre en selle pour ces 10 dernier km de ce long périple avec la lumière du jour qui a fait son apparition.

Juste avant de repartir on m’annonce un écart de 10min sur le 2ème.  Je décide alors de jeter tout ce qui me reste dans la bataille et je repars pied au plancher en faisant abstraction de toutes les douleurs apparues depuis bien longtemps pour aller décrocher cette victoire qui me tend les bras. Les km sont longs et durs mais je m’accroche et j’arrive sur les hôpitaux, traverse la route et entame l’ultime petite ascension pour rallier la ligne d’arrivée à Metabief. 3km c’est long très très long… Ne voyant personne je savais que plus rien ne pouvais m’arriver, ceci 5 ans jour pour jour après le dernier jour de traitement contre mon cancer.

Je passe la ligne en vainqueur de cette première édition de l’UTMJ, mon premier 100 miles. Depuis 5ans je rêvais simplement de pouvoir prendre le départ de cette distance et la de gagner avec toute la famille et les potes c’est juste la classe.

Merci à toutes l’équipe de l’USY pour tous ces bons moments de partage le mercredi soir et on se retrouve l’année prochaine pour des nouvelles aventures.

Salutations à tous

Fabrice Fauser

 

 

 

 

 

Un 100 km sous une météo digne des montagnes du Jura 

Alors que nous apprenions que Fabrice Fauser était en tête du grand parcours sur le territoire Suisse, notre départ des Rousses sur la Franco-Suisse à 5h du matin était imminent tandis que le temps se déchainait et que la neige commençait à tomber de plus belle. Tous les courageux traileurs impatients de partir, étaient emmitouflés dans leur veste et sous leur capuchon, avec encore le masque pour couronner le tout, mesures de sécurité obligent.

Dès les premières foulées, le masque enlevé, nous commencions à entamer les sentiers déjà bien creusés par les coureurs du jour précédant, les rendant particulièrement glissants et boueux. Une fois les premiers kilomètres avalés et les muscles bien chauffés, nous pouvions vraiment rentrer dans la course correctement. C’est dans cette première partie du parcours que je me retrouvais aux cotés de deux autres camarades de l’USY, à savoir Raphael et Jean-Luc. A la lueur de nos lampes frontales nous arrivions gentiment déjà au premier ravitaillement à l’heure du déjeuner de manière à reprendre des forces pour continuer ce long périple.

Après cela, je me suis détaché individuellement profitant d’un élan de motivation et sentant que les jambes étaient bien là, il fallait en profiter pour gratter un maximum de km pendant cette opportunité. Mes jambes m’ont tout de même rappelé à l’ordre après avoir passé le marathon. Comme sur toute longue distance qui se respecte, on passe un peu par toutes les phases, alternant les mauvaises et bonnes sensations ainsi que les coups de pompe.

La météo aussi n’en a fait qu’à sa tête durant toute la journée. Si des passages plus calmes avaient lieux, nous étions tout de même mouillés par la fonte de la neige des branches des arbres qui nous tombait dessus sous forme de grosses gouttelettes. Heureusement, les coureurs étaient bien suivis, nous avions de quoi nous changer et la base de vie de Jougne nous permettait de pouvoir remettre des vêtements secs afin de courir dans les meilleures conditions. L’ambiance présente sur les ravitaillements, grâce aux indispensables bénévoles, nous redonnait à chaque fois la force de continuer jusqu’au prochain but intermédiaire, à savoir le ravitaillement suivant, situé souvent 10-12km plus loin.

La deuxième partie de la course s’est corsée pour ma part après des déclenchements de crampes qui m‘ont poursuivies presque jusqu’à la fin, rendant la situation par moment assez difficile à gérer, surtout dans les descentes. Le fait de se faire doubler n’arrangeant rien à la situation, j’ai dû me mettre des coups de pied ou je pense afin de continuer tant bien que mal avec toujours en tête la fierté du traileur qui doit terminer sa course. L’annonce de l’organisation de renoncer à faire le Suchet ainsi que les Aiguilles de Baulmes pour des raisons de sécurité en raison du temps, raisonnait presque comme un soulagement dans ma tête, alors qu’en début de course je me réjouissais d’y être pour profiter de l’avantage du terrain connu.

La fin de course s’est plutôt bien déroulée, profitant de l’élan de motivation fourni par les personnes venues m’encourager, notamment Jimmy, m’a permis de réaliser la dernière descente sur Métabief dans le seul but de terminer le plus rapidement possible afin de soulager mes jambes toutes meurtries par les 101 kilomètres et 4600 m D+ parcourus.

Finalement, je ne m’en sors pas si mal en 12 h 45’ de course, ce qui m’offre la 16ème place de ma catégorie et la 25ème au scratch. Je garde un très bon souvenir de cet Ultra Trail des Montagnes du Jura malgré les conditions météos et les crampes, je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont soutenu et me réjouis de me relancer sur une prochaine course.

Christian Cachemaille

 

 

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