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C’est souvent dans les mots de la fin d’un récit que l’on découvre les motivations profondes du commencement.

 

Pour la plus Himalayenne des aventures Jurassiennes nos trois compères ont du tout donner, voire plus.

 

La mauvaise météo du jour n’a fait que mettre en valeur leurs vraies motivations et ambitions.

 

8848 fois bravo à Eliott Piguet, Vincent Thomet et Lars Schnyder

 

Filippo

 

 

 

Avec de l’imagination et de la détermination, on peut déplacer des montagnes paraît-il. C’est plus ou moins ce qui s’est passé ce dimanche 17 janvier 2021. L’idée de base était très simple : faire des allers-retours aux Rasses en peaux de phoque jusqu’à atteindre la mythique altitude de l’Everest : 8848m de dénivelé positif.

 

Comment-en arrive-t-on là ? Qu’est ce qui nous a poussé à tenter cette aventure qui n’a, force est de le reconnaître, peu ou pas de sens ? Aucun de nous n’est jamais allé ou n’a même jamais vu l’Everest. Ce n’est donc pas ça. Ce n’est pas non plus la découverte d’une nouvelle contrée car les Rasses, on les connaît plutôt bien. Il n’y a pas non plus de prix à l’arrivée, ce n’est pas une course.

 

Tout a commencé sur les réseaux sociaux, plus particulièrement sur Strava (hate it or love it). Le 8 décembre, Eliott poste une énième sortie en peau de phoque où il s’entraine, aux Rasses justement. Jusqu’ici rien d’anormal. Arrive alors Lars et son commentaire sur un ton de rigolade en voyant les bêtes aller-retours du bas des pistes jusqu’en haut : « A quand l’Everesting ? ». On aurait pu en rester sur cette boutade mais Eliott n’a rien trouvé de mieux, sur un ton de mi-rigolade cette fois, que de répondre « si on est une équipe, pourquoi pas » suivi de ce mythique émoji à la tête éclatant sous la puissance d’une explosion nucléaire. En un éclair, un 3e commentaire fait son apparition. C’est Vincent avec son court mais efficace commentaire : « départ ». Et voilà pour l’équipe. Une date, un lieu, une heure et c’est parti. Il faut trouver un moment qui convient à tous. Il y a le job de certains, celui des autres, les études et les examens qui arrivent mais aussi les courses pour Eliott et Vincent. On propose une date : « départ dimanche dans 2 semaines ». Ca tombe à l’eau. « Ok cette fois départ lundi prochain ». Ca tombe encore à l’eau. 3e essai ? Allez. « Départ dimanche 17 à 4h du matin les gars, quelle que soit la météo ». Et c’est parti.

 

Arrivé le jour J, tout est fin prêt pour ce défi. Vincent a ses nouvelles chaussures non formées qu’il n’a testé qu’en vitesse le vendredi, mais ça devrait jouer. Eliott a passé toute la semaine passée à tester un nouveau régime à base de purées et de soupes car il s’est fait opérer des 4 dents de sagesses. Il a d’ailleurs dû se résoudre à remplacer ses barres énergétiques par des crêpes car il ne peut toujours rien manger de trop dur. Quant à Lars, il a enfin échangé ses skis larges de 120mm sous le pied pour de vrais skis de course mais a conservé ses chaussures 2x plus lourdes que celles de Vincent et d’Eliott additionnées. La météo est aussi en grande forme. Tempête de neige, vent, brouillard et froid pour bien nous motiver et nous faciliter la tâche.

 

Rdv donc à 4h du matin en bas des Rasses. On dépose en vitesse une table qui servira plutôt d’abri pour nos affaires et on part avec, en guest star, le meilleur accompagnateur : Jimmy ! Tout sourire de venir nous motiver pour 2-3 montées malgré le réveil avant 3h et la météo dantesque (cela rappelle un autre récit sur le site de l’USY). Encore merci et bravo Jimmy ! On commence par monter directement sous les arbalètes. C’est plus raide mais plus direct et donc plus rentable, même s’il faut faire la trace. La descente est épique. On n’y voit rien car la neige, non contente de nous fouetter le visage, nous brûle aussi les yeux. Ajoutons à cela de la poudreuse bien molle avec des skis de 65mm sous le pied et une vitesse bien trop grande pour être pleinement contrôlée et le tableau est complet.

Tout se passe tout de même assez bien. On monte vite (un peu trop) et, même si on perd un peu de temps pendant les descentes, on estime boucler l’histoire en 13h environ. Avant 9h, les remontées mécaniques font leur ouverture, nous obligeant à nous replier le long de la piste rouge, un tracé un peu moins raide et donc un peu plus long. A cela viennent s’ajouter tous les skieurs et snowboarders qui vont rapidement transformer la piste en un champ de mine, rendant les descentes encore plus pénibles. Les jambes chauffent beaucoup à la descente et ce qu’on avait prévu comme étant quelque chose de reposant se mue en la partie la plus redoutée par les trois compères qui subissent déjà un froid intense (qui laissera d’ailleurs les doigts de Vincent insensibles durant les quelques prochains jours).

 

Le temps passe, les montées s’enchainent et, dans le courant de l’après-midi, les amis et la famille se montrent à tour de rôle pour nous encourager, nous ravitailler et même partager quelques montées avec nous. Quel bien fou cela fait ! De notre côté, les discours se font de plus en plus réduits et chacun alterne quelques coups de mou, surtout lorsque nous avons compris que nous ne terminerions pas avant la tombée de la nuit. On sent que chacun en a joliment marre mais on ne peut pas lâcher maintenant. La nuit arrive et il ne nous reste plus que 3 montées. On tergiverse. Faut-il continuer à monter jusqu’en haut malgré le vent, le froid et le brouillard plus intense dès la sortie de la forêt ou faut-il plutôt s’arrêter avant, quitte à faire plutôt 4 ou 5 montées au lieu de 3 ? Finalement, on ira jusqu’en haut à chaque fois. En arrivant en bas vers 18h30, il ne nous reste plus que 50m de dénivelé à faire. On remet une dernière fois les peaux et on monte en jetant un œil à la montre toutes les 30 secondes. 8830m, 8840m, 8844m et, enfin, 8848m. On peut enfin s’arr… « Les gars… On monte encore un tout petit peu juste pour être sûr que ce n’est pas un bug de la montre ? ». « On est plus à ça prêt. On pousse jusqu’à 8900m mais pas un pas de plus ».

 

Au final : 8905m de D+, 89.9km, 14h36 d’effort, une chute pour Lars, une pour Eliott, pas de casse ni humaine ni matériel, beaucoup de cloques et de fatigue physique et mentale et un bonheur au-delà de toute description. Il faudra néanmoins attendre le lendemain soir pour la bière car, pour l’instant, le souhait de chacun est de rentrer chez soi pour se réchauffer et se restaurer convenablement.

 

Une fois encore merci à tous ceux qui nous ont soutenu, que cela soit par une simple pensée ou en venant sur le terrain nous donner du courage. Une belle entrée en matière pour 2021. Et finalement alors, quel sens avait ce défi ? Des magnifiques moments de partages entre nous trois mais aussi avec toutes les personnes impliquées de près ou de loin dans ce projet. Un ou deux articles dans les journaux régionaux, ce qui devrait permettre de faire découvrir à tous les lecteurs ce sport magnifique qu’est le ski-alpinisme. Un sport qui, comme la course à pied, peut se pratiquer de mille façons différentes, de la simple balade à une montée sur les plus hauts sommets du monde.

 

Lars, Vincent et Eliott

 

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